Pourquoi manquons-nous tous d’imagination

On se plaint assez souvent que certains de nos interlocuteurs ne peuvent pas faire preuve de projection, que ce soit en brainstorming ou pendant une présentation de concept. On s’explique : Malgré les étapes progressives de la création d’une vidéo, en particulier en motion design où l’on déploie des moodboards, des POC et des storyboard, c’est toujours une fois la première version livrée que nous essuyons le plus gros des retours. Alors pourquoi ce défaut de projection ?

L’IMAGINATION C’EST LA BASE DU LANGAGE

En sémiologie, elle est étroitement liée au processus de signification. 

On distingue deux choses :

– Les signifiants : sont les éléments concrets ou perceptibles, tels que les mots, les images, les sons ou d’autres symboles qui portent une signification. Par exemple, dans une vidéo en motion design, le pictogramme en forme de flèche que je vais utiliser est un signifiant.

– Les signifiés : sont les concepts, les idées ou les images dans l’esprit d’une personne. Pour ma part, le pictogramme en forme de flèche indique une croissance.

Le triangle sémiotique

Ainsi, l’imagination repose sur la capacité de prendre des signifiants et de les associer à des signifiés personnels pour créer des représentations mentales originales. Elle permet de visualiser des scénarios, des représentations qui n’existent pas encore. En motion design, l’imagination est essentielle pour concevoir des animations.

Alors pourquoi ça coince avec certains de nos clients ?

Le manque d’imagination chez certaines personnes peut être attribué à plusieurs facteurs, dans lesquels nous nous reconnaissons tous peut-être :

Cela vient de notre éducation : 

Le conformisme est une position plutôt confortable et l’éducation scolaire ou familiale peuvent décourager l’exploration de nouvelles idées. La société peut parfois valoriser la conformité aux normes établies plutôt que la créativité.

Cela vient de nos routines : 

C’est le truc à la mode, pour lutter contre une vie quotidienne stressante : adopter des routines pour tout et n’importe quoi. Tous les matins je mange la même chose, je pratique les mêmes exercices, je passe par les mêmes chemins. Oh la bonne idée ! Si moi aussi je limitais les occasions d’expérimenter de nouvelles choses.

Cela vient de la peur de l’échec

Le phénomène a été étudié depuis longtemps, affronter le jugement des autres est la plus grande épreuve du créatif. On dit souvent que la première règle d’un brainstorming est d’éviter la censure : la censure des autres, cela paraît évident, mais également la censure de soi-même.

À l’échelle de l’entreprise

Il y a des systèmes qui nous brident également. Allez, on va mettre ça sur le dos du boss pour une fois (Même si à la Brèche ce ne sont pas les derniers à partir un peu trop loin). Dès les années 50, John RP French et Bertram Raven, deux sociologues tentent déjà de définir le pouvoir en entreprise. Parmi ces figures de manager, certaines auront tendances à vous brider :

Les adeptes du micromanagement :

C’est lorsque l’on surveille de près chaque aspect du travail. Les employés peuvent se sentir découragés de proposer des idées novatrices s’ils ont l’impression d’être constamment surveillés et critiqués.

Les managers stricts et autoritaires : 

S’il vous fixe des objectifs trop rigides ou des délais trop serrés vous serez tentés de vous conformer à ses attentes, limitant ainsi la prise de risque créative.

Les vrais tyrans : 

Les entreprises où l’évaluation et la mesure de la performance prédominent nuisent fortement à la créativité. Faut-il prendre le moindre risque si je vais à l’encontre de conséquences négatives pour ma carrière ?

Comment faire ?

On espère fortement que vous êtes actuellement dans un environnement professionnel favorable qui encourage la prise de risques. Bien souvent, un parti pris osé est récompensé par le succès d’une campagne ou par l’approbation de vos pairs. Si malheureusement, ce n’est pas le cas pour vous, voici quelques préceptes que nous mettons en place :

Partir des besoins : 

Le côté terre-à-terre de la communication, on répond avant tout aux besoins de notre client. Souvent cela suffit à avoir une idée de base.

S’inspirer sans imiter : 

En proposant des exemples inspirants de motion design, on permet une certaine forme de projection dans le projet à réaliser. La création de moodboards est une étape qui à peu de frais peut déjà contourer la direction artistique.

 »Storyboard déployé pour présenter l’animation d’un film en motion design  »

Raconter l’histoire :

Avant de se lancer dans la lourde tâche d’illustrer et d’animer les images, le plus simple est déjà de se mettre d’accord sur une histoire ou un récit

Rester ouvert : 

Peu importe l’étape du projet, nous tâchons de toujours rester attentifs aux bonnes idées qui peuvent jaillir de la part du client. On jugera par la suite l’effort à fournir pour réaliser les ajustements. Cela nécessite de la patience et de la communication, mais les chefs de projets sont là pour s’assurer qu’on est sur la même longueur d’onde.

Chez Rousseau, l’imagination est lié au désir. En stimulant l’imagination, il est producteur d’illusions agréables ; à l’inverse la satisfaction du désir, dissipe ces illusions. C’est pourquoi on ne demande pas à tout le monde d’avoir de l’imagination. Déjà parce qu’on aime bien râler et d’autre part parce que c’est ce qui fait le sel de notre métier.