Mickaël Draï, réalisateur a remporté le prix BEST SCREENPLAY des RED Movie Awards 2023 avec son film Delivery to Hell. Les « RED Movie Awards » (Reims Excellence Director) est une compétition internationale saisonnière avec un événement de projection en public à Reims chaque année, célébrant des films et des réalisateurs du monde entier.

C’est l’occasion d’en savoir un peu plus sur la genèse du projet puisqu’il a accordé quelques mots au micro du festival.

Alors, je pense appartenir à cette génération qu’on dit du FOMO pour Fear of Missing Out. Donc c’est cette génération qui passe des heures devant une carte ou qui passe des heures devant son téléphone pour choisir le meilleur restaurant, qui regarde les avis Google et compagnie. Et c’est l’un des points de départ du film. C’est un de ces personnages qui n’arrivent pas à choisir s’il était confronté au choix ultime, celui de son éternité, où passer son éternité. Comment il arriverait finalement à faire son choix, quoi.

L'origine du projet

Je suis né dans, j’ai grandi dans deux religions, et au final, quand on grandit dans deux religions, on n’en connaît aucune, quoi. C’est un peu le capharnaüm. Et comme mon père est mort, je me suis retrouvé face au rite, et donc j’y étais totalement étranger, quoi. En fait, il y a tout un système pour que l’âme du mort s’élève plus rapidement. Les plus proches, les fils font un an de prière. Et donc quand ils ont senti que ça n’allait pas être rapide avec moi pour aider mon père à accéder, il y a quelqu’un qui est venu me voir. Il m’a dit : ‘Bah, si vous voulez, moyennant finance, je suis allé prier pour vous.’ Et le rabbin en tant ça, et lui passe une chasse, il le détruit, le met dehors et compagnie. Et donc je rentre chez moi, je me dis, ‘Mais qu’est-ce qui se passe ? Alors est-ce que vraiment je vais rendre son accès au Paradis un peu plus compliqué ?’ Enfin bon, je me pose avec un peu d’ironie, mais je me dis, voilà, imaginez-vous êtes musulman, vous avez passé une vie à suivre des rites qui sont quand même complexes. Il y a des interdits alimentaires, comme dans la religion juive, il y a les cinq piliers de l’Islam. Après, il y a vraiment beaucoup de choses. Et là, vous arrivez devant quelqu’un qui vous dit : ‘C’était pas la bonne. Il fallait choisir le woodisme, donc voilà, vous allez à droite.’ Donc je suis parti de là. Je suis, bah voilà, si toute sa vie on suivait une religion, et puis en fait on se plantait totalement, ce serait d’une tristesse. D’où le dossier, ce point de départ de film d’un paradis qui finalement qui sera en adéquation avec ses croyances, histoire d’un petit peu de facilité, le flux de l’administration du paradis, quoi.

Le tournage

Au niveau des équipes techniques, vu qu’on travaillait depuis très longtemps tous ensemble avec le chef opérateur, tous les postes finalement, le stylisme, etc., c’était pas le plus compliqué. Après, vu qu’on sortait du covid, on a eu plein de petits soucis. Par exemple, on a fait le repérage pendant le covid d’un lieu et en fait, on n’a pas vu qu’il était collé à une école. Post covid, l’école, les enfants, ils ont passé leur temps dehors. Donc on a eu des gros problèmes sur les prises de son, par exemple, parce que des enfants hurlaient tout le temps. La comédienne principale, Barbara Carlotti, aussi une chanteuse et une écrivaine, elle a attrapé le covid quelques jours avant le tournage. Donc c’est un peu, on a dû inverser le plan de travail. Donc c’est toujours très éprouvant, ce genre de projet.

Le travail avec les acteurs

C’est vrai que quand je travaillais dans la publicité, il y avait très peu de textes, et ce film, il est très bavard. Donc j’ai eu deux manières différentes de travailler avec les deux acteurs. Mehdi, avec qui on a beaucoup beaucoup échangé sur le film, lui, il était tout de suite dans le personnage. Il a tout de suite compris ce que je voulais, et puis je pense qu’il fait partie de cette génération, donc c’était parfois un peu proche de sa personnalité. Après, Barbara Carlotti, elle avait des millions de projets. Donc elle est arrivée là avec une vraie envie de faire du cinéma et une vraie envie d’aider, de porter, de soutenir un projet quand même dans l’inconnu relatif. Mais vu qu’elle sortait du covid et compagnie, on n’avait pas eu le temps vraiment de beaucoup parler du personnage. Donc j’ai passé beaucoup de temps avec Barbara Carlotti à échanger tout au long des quatre jours de tournage avec elle, quoi.

Heureux d'être au RMA ?

Je suis ravi d’être à Reims. Je suis ravi d’être sur ce festival. On est très bien accueilli. Je ne connaissais pas la ville, et je la trouve très chouette. Et j’ai vraiment hâte d’être à la cérémonie. J’ai fini la rédaction d’un nouveau scénario qui, à mon avis, est bien meilleur que le précédent. Voilà, et donc évidemment j’ai envie de continuer, mais plutôt dans mon format court. Je me sens plutôt à l’aise sur ce format. Finalement, j’aime bien raconter des histoires en moins de 20 minutes. [Applaudissements] »

Et vous ? Avez-vous Delivery to Hell ? Pour ceux qui ont accès à Mycanal et à OCS, le film est toujours disponible ici : Canal Plus

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